Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
Samedi 8 Décembre 2018
La Fédération Internationale de Natation (FINA) n’a plus de soucis à se faire. Le sort de l’entité dirigeant la natation mondiale se trouve avoir été questionné devant l’United States District Court Northern District of California, dans un acte de 44 pages déposé par le cabinet d’avocats californien Farella Braun et Martell LLP.
Il s’agit d’un procès intenté par la toute jeune International Swimming League contre la centenaire institution lausannoise qu’elle accuse d’avoir violé la loi SHERMAN et contredit le droit commun.
La loi Sherman (1890) est en résumé un acte juridique fondamental américain de « protection des échanges et du commerce contre les restrictions illégales et contre les monopoles. »
Pour l’instant, la procédure a pris la forme d’un document de quarante quatre pages qui dénoncent (et espère-t-on annoncent la fin d’) un monopole qui devenait insupportable et risquent de gâcher un peu les championnats du monde en petit bassin de Hangzhou, pour nos sympathiques Pieds Nickelés de Lausanne, Cornel MARCULESCU et Cesar MAGLIONE.
Le document entier se trouve à l’adresse électronique suivante :
https://isl.global/wp-content/uploads/complaint-for-violations-of-the-sherman-act.pdf
Après avoir expliqué que le pouvoir de la FINA dérive de la structure des olympiades modernes ; puis démontré que l’institution utilise sa domination du marché pour en retirer des avantages et en jouir, et garde largement pour elle seule les revenus substantiels que produisent les efforts des meilleurs nageurs du monde; le document présente l’International Swimming League, les requérants dénoncent un « collusion illégale de la FINA » visant à « restreindre la compétition de façon déraisonnable ».
La Ligue présente ensuite le cœur du litige, et brosse à grands traits les événements de l’été ; elle expose le fait que ses « idées innovatrices » ont été ressenties comme des « menaces vis-à-vis de la domination de la FINA », puis que la FINA a menacé ses fédérations membres désireuses de coopérer avec ISL.
ISL argue ensuite que la FINA lui a offert de ne plus s’opposer aux efforts promotionnels d’ISL en échange du versement d’une somme de 50 millions de dollars, et a travaillé concurremment à saper les efforts promotionnels d’ISL.
Enfin, ISL et la Fédération italienne ayant décidé d’organiser conjointement avec la ville de Turin une compétition fin décembre 2018 à Turin réunissant la crème de la natation mondiale, la FINA a menacé les nageurs qui avaient répondu aux appels des organisateurs et appelé les fédérations nationales à boycotter l’événement de Turin, toutes manœuvres qui ont amené les organisateurs à annuler leur événement.
En conséquence de quoi, les requérants estiment que la FINA a illégalement monopsonisé (1) ou tenté de monopsoniser le marché des services des nageurs d’élite ; suivent en trois points les violations de la loi Sherman Act par la Fédération Internationale, dont une « interférence tortueuse avec des relations économiques potentielles. »
(1). Se dit d’une structure de marché dans laquelle un seul acheteur contrôle substantiellement le marché en tant qu’acheteur principal de biens et de services offert par plusieurs vendeurs potentiels. Si un fabricant monopolise, un acheteur « monopsonise ».