Championnats du monde de natation en petit bassin de la FINA
- Mardi 11 décembre – Dimanche 16 décembre
- Hangzhou, Chine
- 25m
- Liste des engagés
- Liste par épreuve
- Programme
- Séries : 9h30 heure locale, 2h30 heure française / Demi-finales et finales : 19h00 heure local, 12h00 heure française
- FINA TV en direct (toutes les sessions)
- Résultats Omega
Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
Vendredi 14 Décembre 2018
WANG JIANGJIAHE CHAMPIONNE DU MONDE DU 800 MÈTRES, C’EST LA POÉSIE DE L’EFFICACITÉ
DAMES.- 800 mètres : 1. WANG Jiangjiahe, Chine, 8’4s35; 2. Simona QUADARELLA, Italie, 8’8s03; 3. Leah SMITH, USA, 8’8s75; 4. LI Bingjie, Chine, 8’9s81; 5. Sarah KOHLER, Allemagne, 8’10s54; 6. Anna EGOROVA, Russie, 8’12s65; 7. Haley ANDERSON, USA, 8’18s70; 8. Mayuko GOTO, Japon, 8’22s10.
Passages de WANG Jianjiahe – 50m, 26s94;100m, 56s58 (29s64); 150m, 1’26s75 (30s17); 200m, 1’57s22 (30s47); 250m, 2’27s96 (30s74); 300m, 2’58s55 (30s59); 350m, 3’29s25 (30s70); 400m, 3’59s98 (30s73); 450m, 4’30s65 (30s67); 500m, 5’1s45 (30s80); 550m, 5’32s47 (31s02); 600m, 6’3s25 (30s78); 650m, 6’34s18 (30s93); 700m, 7’5s11 (30s93); 750m, 7’36s10 (30s99); 800m, 8’4s35 (28s25).
En séries: Mayuko GOTO, 8’19s93; 9. Yukimi MORIYAMA, Japon, 8’22s23; 10. Jimena PEREZ, Espagne, 8’24s65 ; 11. Katia FAIN, Slovaquie, 8’25s89.
Ce 800 mètres des championnats du monde en petit bassin de Hangzhou s’est déroulé en l’absence d’Ariarne TITMUS, qui préférait se reposer en vue du 400, ne cherchait donc pas querelle aux pures demi-fondeuses.
Et donc WANG Jianjiahe, chinoise de seize ans, a assuré le spectacle. Un spectacle qui démontre ce qu’est le « bien nager » en demi-fond; chez WANG, l’efficacité est comme qui dirait emballée et présentée dans un emballage d’une merveilleuse esthétique.
Je ne sais pas si nager beau est encore une chose côtée à l’argus du sport, mais voilà, quand j’en rencontre l’expression, cela me fait quelque chose.
WANG est une assez grande fille qui, une fois posée dans l’eau, nage long, ce qui suppose à la fois une inclination, une intention, un battement de jambes discret autant qu’efficace… et les conseils aviusés d’un entraîneur.
Sans vouloir chercher des comparaisons faciles, elle nage comme SUN Yang, ce qui n’est peut-être pas une coïncidence, comme si elle cherchait à tirer le maximum de chaque attaque de bras, et, plutôt que de s’évertuer à augmenter le nombre de tours minute, d’aller prendre calmement la glisse, étirée vers l’avant, dans un mouvement qui évoque un instant de méditation.
L’un des mystères de la natation est cette impression de sérénité, de placidité que donne un nageur (-euse) en pleine action, surtout quand sa nage prend cet aspect poétique d’une liane se promenant sur l’eau, alors qu’il s’agit d’une athlète phénoménale en train de produire un effort colossal en vue d’une performance maximale, et ce au point d’obérer son jugement.
Je m’entendis pour la première fois expliquer cela par Roland MATTHES, nageur de dos est-allemand des années 1970 qui paraissait si détendu dans l’eau. Il s’en plaignait presque. Il donnait l’air de paresser alors qu’il se pressait (démonstration s’il en est qu’à une voyelle près- ici un « a » en moins, le sens de la phrase est chamboulé), et terminait ses courses lessivé.
Avec Murray ROSE, Don SCHOLLANDER, Mark SPITZ, Brian GOODELL et cet incroyable Michael GROSS, on avait parfois envie de les secouer tant tout leur paraissait facile dans l’eau, quand ils étaient en train de s’exténuer dans un effort de toutes leurs fibree. BIONDI, POPOV, THORPE, VDH donnaient aussi l’illusion de ne pas entamer leurs réserves.
Tout ça pour vous dire que dans les séries du 800 mètres sur lesquelles elle planait à une vitesse grand V, une WANG en surchauffe ne comprit pas le sens de la cloche qu’un juge fit sonner au mur des 750 mètres et qui annonçait que la course finissait dans un aller-retour ; elle s’offrit donc un huit cents cinquante mètres nagé à fond la caisse et l’Italienne Simona QUADARELLA, trompée, du coup, lui emboîta le pas (1)
Pour revenir à sa nage, il est assez frappant de trouver ce temps de glisse, presque de temps mort, chez une fille qui nage aussi vite, sans aucune rupture de vitesse, parce qu’en fait pendant que le bras qui se pose sur l’eau glisse, celui d’en-dessous tire le corps vers l’avant et les jambes accompagnent clairement ces intentions propulsives.
Quoiqu’il en soit, il y a longtemps que je n’ai pas vu une aussi belle chose dans l’eau que les glissées de cette jeune Chinoise. Depuis SUN Yang, je pense, encore que Mykhaylo ROMANCHUK…
QUADARELLA et Leah SMITH, l’Italienne et l’Américaine qui l’entoureront sur le podium, appartiennent à l’autre école en honneur sur 1500 mètres, celle de l’action rotative (la rotating action de « Doc » Counsilman), qu’illustre la ô combien formidable LEDECKY, où si l’on pose sa nage, c’est sans pause, utilisant les bras comme les pales d’une roue à aubes. Une autre école, ou une autre façon d’utiliser ses moyens, en l’absence d’une portance suffisante assurée par les jambes. Ça nage donc plus court, mais QUADARELLA et SMITH furent assez efficaces pour se maintenir à quatre et cinq secondes de la Chinoise…
(1) Souvenir souvenir : un incident équivalent en finale du premier championnat du monde de 1500 mètres, à Belgrade en 1973. Stephen Holland, Australie, touche et pulvérise le record du monde qu’il amène à 15’31s (il était à 15’52s6 au début de l’année. Son entraîneur Lawrie Lawrence, expansif dans le style Shane Tusup avant l’heure, lui hurle quelque chose comme « holy cow, you made it, go, go. » Holland croit comprendre que le coach lui dit qu’il a n’a pas fini la course, repart en bolide, suivi par l’Américain Rick De Mont qui doit être aussi perplexe que lui. Le 3e de la course, Brad Cooper, qui est sûr d’avoir bien compté, ne les suivra pas (sauf sur le podium)…