Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
Championnats d’Europe de natation 2018
- Vendredi 3 août – jeudi 9 août, 2018 (piscine)
- Glasgow, Royaume-Uni
- Tollcross International Swimming Centre
- Site des championnats
- Programme
- Liste des engagés
- Programme TV
- Résultats
Mardi 8 Août 2018
Sur 1500 mètres, Simona QUADARELLA impose ses dix-neuf ans en 15’51s61, devant Sarah KOEHLER, record allemand, 15’57s85, et la toute jeune Hongroise Ajna KESELY, qui aura seize ans jusqu’en septembre prochain… Trois jours plus tôt, QUADARELLA a archi-dominé le 800 mètres en 8’16s45. La fine et légère Italienne confirme sa médaille de bronze des mondiaux de Budapest, l’an passé. Elle y avait été la deuxième Européenne, derrière BELMONTE en 15’53s86 contre 15’50s89 à l’Espagnole, record ibérique. C’est surtout sur 800 qu’elle a progressé par rapport à Budapest, où elle s’était « contentée » d’un temps de 8’26s50. On est loin de la petite Quadarella, cinquième aux Europe de Londres, 16’22s64…
NI HOSSZU NI NIELSEN MAIS FESIKOVA
Au 100 dos, c’est quoi la nouvelle ? La disparition D’HOSSZU du podium ? Le triomphe de la Russe Anastasia FESIKOVA, 28 ans, devant une autre ancienne, la Britannique Georgia DAVIES, 59s19 contre 59s36 ? La Hongroise est devancée de trois centièmes par Carlotta ZOFKOVA, 59s61 contre 59s64. Pour d’autres, c’est la défaite de Mie NIELSEN, co-championne d’Europe 2014 avec Katinka HOSSZU (59s63), vainqueur de HOSSZU deux ans plus tard à Londres, 58s73 contre 58s94, est une autre grande battue. C’est donc la tenante tu titre, mais elle termine ici 6e, devancée aussi par la deuxième Italienne, Margherita PANZIERA…
L’âge élevé du podium fait qu’on ne peut parler de renouvellement !
Sur 200 brasse, Julia EFIMOVA gagne, comme elle l’a fait sur 100 brasse. No comment : elle est la meilleure.
Dans le 200 messieurs, le Lituanien Danas RAPSYS tente un coup de force ; il passe, loin devant tout son monde, en 24s03 et 50s83. Craint-il le finish de Duncan SCOTT. Il doit pourtant s’y plier. L’Ecossais le rejoint dans la troisième longueur. Tous deux virent ex-aequo, 1’18s47. SCOTT, finish britannique oblige, vaincra nettement, en 1’45s34 contre 1’46s07.
Le record des championnats, 1’44s89 en 2002 par Pieter VAN DEN HOOGENBAND, n’a pas souffert. Mais où sont les grands nageurs de 200 d’antan, les VAN DEN HOOGENBAND, les PHELPS, les THORPE, les AGNEL ?
Les affaires de la France avancent pendant ce temps. Sur 100 mètres dames, le matin, la 4e série est une affaire franco-française ; Charlotte BONNET, en 53s90, devance Marie WATTEL, 54s59. Toutes les deux sont qualifiées pour la suite ; tout de suite après, Pernille BLUME flingue dru, laissant HEEMSKERK et PELLEGRINI plus ou moins à hauteur de son battement, et confirmant en 52s97 son statut de rivale numéro un de SJÖSTRÖM. Celle-ci, dans l’ultime série, fait joujou, pour finir avec ses rivales, en 53s45.
PERNILLE BLUME LANCE LE DEMI-PRESSION QUI FAIT PSCHITTT
L’après-midi, se jouent les demis. Demis pression, convient-il de dire ! Une pression dont BLUME est à la fois l’instigatrice et la victime surprise. Elle passe en… 23s98, ce qui doit être son record personnel sur 50 mètres et… finit comme elle peut, pour tout dire pas très bien.
La Danoise explique qu’elle voulait battre le temps de SJÖSTRÖM à ces championnats d’Europe de Glasgow. Le 4 août, la Suédoise l’a battue d’un poil, 23s74 contre 23s75. BLUME s’est mis en tête une idée improbable, celle de prendre une sorte de revanche en améliorant ce temps ! C’est courir deux lièvres à la fois et les perdre tous deux, car d’abord BLUME n’a pas réussi à nager en 23s74 ou en-dessous, et ensuite elle s’est obligée, pour finir plus vite « son » 50, à toucher le mur à la main, perte de temps, ce qui lui a donné un virage de débutante ; apothéose, elle a raté finalement la qualification en finale, finale dont elle eut été favorite à égalité avec SJÖSTRÖM et, les Français me pardonnent, devant BONNET…
BLUME s’est-elle référée, en essayant son truc, à la course de Cate CAMPBELL de 2015, quand elle tenta de battre (et réussit) le record du monde du 100 mètres en petit bassin au cours d’un 200. Ce soir-là, Cate nagea le premier 100 mètres en moins de 51 secondes, avec 50s91, puis finit son 200 en souplesse. Mais elle avait averti son coach Simon CUSACK, puis, dans la chambre d’appel, les filles qu’elle allait rencontrer. De plus c’était une course strictement australienne et non un match international.
Autant dire que ce précédent ne pouvait faire référence pour l’exploit de BLUME!
…Dommage donc pour l’équipe danoise, pour BLUME elle-même qui s’est tirée, selon l’expression une balle dans le pied, comme pour l’éclat de cette finale, après la décision de Ranomi KROMOWIDJOJO de négliger le 100 pour tenter sa chance sur 50 papillon. Tant mieux pour Charlotte BONNET, Femke HEEMSKERK… Marie WATTEL se qualifie en 54s12. SJÖSTRÖM, elle, dans la 1ère série, s’est baladée en 52s67. Classe à part ? Sans doute !
LE COACH DANOIS ASSEZ MÉCONTENT DE LA PETITE FANTAISIE DE PERNILLE BLUME
Si Pernille n’avait pas l’air mécontente de son coup raté, on ne peut pas dire qu’elle a obtenu un franc succès auprès des techniciens danois ni peut-être des media au Danemark.
Dean BOLES, l’entraîneur national (canadien) du Danemark s’est montré particulièrement sévère. On le comprend, car c’est dans son rôle, et ce n’est pas en couvrant ce genre de fantaisie qu’il a amené la natation ontarienne au niveau actuel. Il a déclaré à la télévision nationale qu’en agissant ainsi, BLUME s’était isolée de la compétition en choisissant de privilégier des objectifs personnels qui ne faisaient pas partie du programme. En agissant ainsi, a-t-il ajouté, elle « s’était exclue de l’équipe. » Pernille n’avait averti personne de sa tentative (et surtout pas Charlotte BONNET, qui nageait dans la ligne d’eau adjacente, et avait l’air assez intriguée, à l’arrivée de sa course !?)
Ce qui est sûr, c’est que sa lubie prive le Danemark d’une médaille quasi-assurée, voire d’un possible titre européen.
FANTINE SUR 200 QUATRE NAGES: MOINS FACILE QUE SUR 400.
Je me suis pas mal cassé la tête depuis un jour ou deux à essayer de deviner ce que Fantine LESAFFRE valait sur 200 quatre nages après son triomphe sur la distance double. Résultats ? Pas terrible. Mes cogitations valaient à peu près autant que l’inspection du foie des volailles ou l’observation du vol des oiseaux par un haruspice étrusque ! Trop d’éléments en jeu.
Toujours est-il qu’elle s’est qualifiée un peu dans la douleur, ce mardi de Glasgow. 5e de sa demi, 8e au classement général, elle nagera à l’extérieur, ce qui n’est pas forcément un handicap.
KOLESNIKOV PIÉGÉ PAR LA REGLE DES DEUX NAGEURS PAR PAYS
– En dos, le meilleur nageur du monde est viré de la finale ! Dès les séries, Kliment KOLESNIKOV se laisse déborder par son compatriote Grigory TARASEVICH et se retrouve piégé par la règle des deux nageurs par nation. Après un championnat de grande classe, record du monde du 50 et titre du 100 dos, il passe à la trappe ! Le grand garçon (à qui je trouve un faux air de Stephan Caron au même âge) survivra à cette avanie.
Réflexion faite, cette règle est anormale. Elle est assez aberrante. Le nageur d’une grande équipe est contraint à disputer une deuxième compétition dans la compétition…
En séries du 800 mètres, gag, Sergi FROLOV et Victor JOHANSSON, 8e ex-aequo en 7’54s31. Un barrage sur 800 mètres ?
Dans ces mêmes séries, PALTRINIERI, qui a invoqué un rhume pour justifier sa légère contre-performance du 1500, joue ici le lièvre de luxe dans la première série ; par cet effet, les cinq meilleurs qualifiés, dont notre Damien JOLY, appartiennent à cette série. WELLBROCK, le vainqueur du 1500 mètres, nagera à la 7, ce qui ne constitue certes aucun handicap…
Qualification des Françaises sur 4×2. Gros coup de moins vite de Marie WATTEL, 2’3s28 lancée dans son relais ! Elle a relâché son effort. Malgré cela, compte tenu qu’il y a quatre ou cinq relais de valeur en Europe, on se qualifie 4e… Les Italiennes ne se sont pas présentées au départ. Federica PELLEGRINI s’est qualifiée sur 100 pour les demis et, les Italiens l’ayant sortie de la naphtaline, on l’a entraperçue dans un relais quatre fois deux mixte, en 1’56s76 lancée…
Etonnamment, car « sur le papier » leur relais vaut largement le Français, avec PELLEGRINI, Stefania PIROZZi, 1’59s71, Linda CAPONI, 1’59s74, Margherita PANZIERA, 2’0s21 (aux championnats d’Italie). Mais le relais est un peu victime du programme FINA où les épreuves se bouffent les unes les autres. Et PELLEGRINI nage le 100…
En finale, les Françaises paraissent devoir monter sur le podium, elles sont même en tête quand Assia TOUATI plonge, mais les Britanniques, les Russes et les Allemandes ont mis leurs gros bras pour finir…et l’or se changea en argent, puis en bronze, puis, pour deux centièmes, en… chocolat, parait-il. Je me demande si BONNET placée en dernière position n’aurait pas trouvé les ressources pour assurer une breloque… On ne saura jamais.