Ancien nageur, Eric Lahmy est journaliste, écrivain, rédacteur en chef, et reporter. Il anime depuis 2013 Galaxie-Natation, un blog dédié à son sport préféré.
Lundi 8 Janvier 2018
Ayant échappé à un cobra du Cap, une espèce des plus venimeuses, qui s’est mis à la siffler à un demi-mètre de ses jambes, alors qu’elle se promenait à cheval au Cap, en Afrique du Sud, où elle passait des vacances studieuses – famille et natation – Sarah Sjöström a évoqué pour certains journaux suédois l’opportunité de nager dans la formule proposée par Konstantin Grigorishin et le cadre de la Ligue de Natation Internationale (ISL).
Il y a de quoi être tenté pour la Suédoise. Bien qu’elle ait gagné 3 millions de Couronnes (300.000 euros environ) grâce à ses prestations en Coupe du monde, elle ne peut pas rester insensible aux calculs prometteurs qu’ont agités devant elle les organisateurs de la Ligue. Ceux-ci ont estimé que dans le cadre des compétitions qu’ils prévoient de lancer, elle aurait gagné quinze fois plus.
« Cette compétition, a-t-elle expliqué sur la chaîne SVT Sport, a été imaginée selon un format très amusant pour les nageurs, mais également attractif pour les spectateurs. Vous concourez dans le cadre de votre équipe et essayez de ramasser le plus grand nombre de points. C’est un peu la réponse de la natation à la Champions League. »
« IL SERAIT DOMMAGE DE RESTER COLLES AU MODELE DES ANNEES 1970 »
Au sujet du concept proposé par la FINA pour contrer celui de l’ISL dans un modèle lui ressemblant comme un jumeau, Sjöström a paru s’étonner : « on se demande bien d’où ils vont sortir cet argent ; du ciel semble-t-il ? Ils l’avaient depuis toujours, mais préféraient le garder pour leurs vacances en famille. De plus, ils commettent un plagiat. Etrange également qu’ils monopolisent l’organisation. Cela doit changer et d’autres qu’eux devraient pouvoir créer des compétitions. Que la FINA soit capable de menacer de suspendre, d’éliminer des nageurs, est en soi une chose incroyable. »
A la question de savoir si elle préférait le concept d’ISL à celui de la FINA, Sjöström a répondu avec prudence : « nous n’avons pas testé le concept jusqu’ici. C’est une ère nouvelle pour la natation. Il serait dommage de rester collés aux années 1970. Nous méritions mieux en termes d’argent. Après tout, la natation est le sport le plus pratiqué au monde. Il y a de l’argent, et je ne pense pas tellement à ma situation, mais ceux qui sont derrière, peut-être les 20 nageurs au sommet dans le monde, qui ont du mal à toucher un centime et peuvent à peine payer leur loyer. »
Cornel Marculescu interrogé par la même chaîne suédoise de télévision le 17 décembre dernier, prétendait que la FINA défendait l’intérêt des nageurs. Mais pour donner plus, vous devez avoir plus d’argent sur la table, expliquait-il, mettant en avant que « la FINA est la seule fédération internationale qui assure des compensations pour les voyages, le logement et la nourriture des nageurs. Aujourd’hui nous avons 960 nageurs [dont quatre par nations invités aux championnats du monde] et tout le monde participe. »
Disons que ces invitations ne sont pas forcément une bonne idée, au plan de la compétition, puisque sont invités aux mondiaux des nageurs relativement très faibles, sans aucune représentativité à ce niveau ; en revanche, c’est une excellente initiative sur le plan électoral, puisqu’elle permet à la FINA de s’assurer une clientèle et des suffrages tout acquis lors des élections.
On a pu voir ainsi à Hangzhou une nageuse gambienne à 46s14 au 50 mètres, soit deux fois moins rapide de Ranomi Kromowidjojo, gagnante en 23s19, une dossiste soudanaise à 49s06 sur 50, ou encore 35 filles entre 1’ et 1’23s en séries du 100 libre. Bien entendu, il ne s’agit pas de désigner ces personnes qui ne sont pas responsables d’être invitées, mais de constater que rien n’est trop cher, pour la FINA, quand il s’agit de s’assurer sa réélection.