Traduit des propos de Claudine Pullen:
J’étais une nageuse compétitive de 6 ans jusqu’à 17 ans. Cela représente 12 ans dans le chlore trois fois par jour. Cela ressemble à une prescription médicale et c’est ce que ça représentait pour moi. Un médicament pour le bonheur, la discipline, les accomplissements, le succès et la concentration. Je pourrais continuer cette liste mais vous vous arrêteriez de lire. J’ai arrêté de nager en compétition après la fin du lycée lorsque j’ai changé de pays pour l’université. Voici six choses qui sont apparues et dont personne m’avait prévenu.
1. L’attaque du Gras
En tant que nageuse, ma vie était très structurée, surtout lorsque qu’il y avait une grosse compétition qui approchait. Ma routine journalière, se réveiller, aller nager, manger le petit déjeuner lors du trajet en bus pour aller en cours, entrainement à l’école, un peu d’autres sports puis une autre séance d’entrainement. La natation était comme respirer. Nager, manger, devoirs, dormir représentait ma vie. Jour après jour, semaine après semaine. Il n’y avait pas le temps pour prendre de la graisse. Mes habitudes alimentaires étaient très ordonnées pour que mon corps soit plein d’énergie lorsqu’il le fallait. Marchant à l’adrénaline, les calories ne comptaient pas. Même si mes repas étaient structurés, je pouvais manger autant que je voulais et ne pas avoir de problèmes. Et bien cela a immédiatement changé lorsque j’ai arrêté de nager. C’est étrange ce que le cerveau fait. C’est comme si je pensais que je pouvais manger autant que je le sentais comme si je nageais, mais le manque d’activité faisait qu’aucune calorie n’était brûlée. Je me rappellerai toujours de l’appel à mon père de l’Université pour lui dire que j’avais besoin de plus d’argent pour acheter des habits car ceux que j’avais ne m’allaient plus. Si seulement quelqu’un m’avait prévenu qu’il fallait que je change mes habitudes alimentaires maintenant que je n’étais plus une athlète de haut niveau, ou peut être ils ont pensé que cela relevait du sens commun. Mon conseil est de ré-évaluer ses habitudes alimentaires et combien vous mangez. Croyez moi cela vous sauvera de l’attaque du gras.
2. Maux et la douleur
On pourrait penser que en étant un athlète de haut niveau on aurait moins de maux et douleurs que lorsque on arrêterait de nager. Or, j’ai l’impression que lorsque l’on arrête c’est plus dur de recommencer à chaque fois, le corps est pris de douleurs que je ne me rappelais pas avoir lorsque je nageais. Pour moi la natation n’était pas très douloureuse après coup. Peut être que c’est mon cerveau qui a supprimé ces informations, ma mémoire qui a oublié ces parties du processus avec lesquelles je vivais aussi. La première loi de Newton du mouvement qui dit “qu’un corps en mouvement reste en mouvement”. Cette loi était véritable pour moi. Ne jamais s’arrêter de bouger, plus on vieillit plus c’est dur et douloureux. Définitivement écouter son corps, il nous dit ce dont il a besoin. La natation est une bonne discipline que l’on peut continuer pour toute la vie, donc si vous arrêtez la compétition, continuez quand même de nager. Si vous en avez marre de nager et respirer le chlore, trouvez une autre activité, un autre sport, il y en a pleins de partout.
3. Le canapé ne veut pas me quitter
Je suis devenue super fainéante et j’adore mon canapé probablement plus qu’il ne m’aime. Je peux passer des heures à surfer sur internet et juste à glander. La natation me donnait de la concentration, vous perdez cette concentration après avoir arrêté de nager, vous avez tout ce temps que vous n’aviez pas avant. Quand je nageais je faisais pleins d’autres sports aussi. Peut-être que j’ai fait un burn out et que mon corps avait besoin de repos. Mais là cela fait un peu de temps que j’ai arrêté de nager, quelques années et les excuses ne cessent pas d’apparaître. Lorsque je nageais j’avais des objectifs, j’étais concentrée dessus, j’avais un plan d’entrainement pour les atteindre, des coachs, des coéquipiers et la famille pour me soutenir et me pousser à être la meilleure de moi-même. Maintenant il faut que je prenne mes propres décisions. J’ai commencé un million de nouveaux projets mais je n’en ai complété aucun comme je n’avais plus la concentration et motivation nécessaire que j’avais avant. Lorsque que vous arrêtez quelque chose qui vous passionnait, il faut se reprendre et c’est difficile de trouver quelque chose qui vous passionne. Personne ne vous dit qu’il faut rediriger vos objectifs, votre concentration et votre temps. Oui parfois cela vient tout seul mais souvent il faut trouver des nouveaux objectifs, trouver un projet ou des projets pour ne pas devenir une patate dans un canapé. Toujours grandir, s’améliorer et se concentrer sur ses objectifs.
4. Votre cerveau a besoin d’une direction
La natation était l’endroit où mon cerveau fonctionnait la plupart du temps. La nature répétitive de la natation me donnait une sensation étrange de relaxation et était devenue mon moyen pour me relâcher. Etre dans l’eau me permettait de me libérer, me donner vie et garder mon esprit en bonne santé. La santé mentale est extrêmement importante dans le sports et les bénéfices de la natation dessus ne doivent jamais être pris à la légère. Lorsque l’on arrête de nager compétitivement il faut trouver un autre moyen pour relâcher le cerveau afin de rester en bonne santé mentale. Il y a beaucoup de différents moyens comme le yoga, la course à pieds, ou encore la méditation pour en citer quelques uns, vous pouvez aussi continuer à nager mais pour le loisir. Mais vous avez peut-être envie de passer à autre chose, prendre vos distances avec la natation ou revenir dessus plus tard.
5. Ne jamais perdre la sensation de la victoire
Il n’y a rien de tel que la sensation lors d’une victoire. Il n’y a pas de moyens pour décrire ce que vous ressentez lorsque vous gagnez à quelqu’un qui n’a jamais gagné. Lorsque vous nagez votre objectif est de gagner. Lorsque vous arrêtez et faites quelques chose de moins compétitif c’est plus difficile de retrouver cette sensation. La reconnaissance, le respect et l’amour que vous recevez comme un gagnant disparaissent au fur et à mesure. Etre respecté par les plus jeunes nageurs et monter dans l’échelle de niveau n’a pas de prix. Un jour un jeune nageur m’a approché et m’a dit que lorsque il serait plus grand il voudrait être comme moi. Quel privilège! Etre capable de nager en compétition et avoir cette passion est quelque chose que je chérirais toute ma vie. La joie de voir tous les efforts, les sacrifices, les pleurs, les moments difficiles, le sang et les larmes versées payer pour enfin gagner. La belle chose à propos de ce sentiment d’avoir gagné et que vous pouvez le retrouver dans tous les aspects de votre vie. Ressentez-le, encouragez-le, vivez-le. Avoir la passion pour quelque chose représente gagner à moitié la bataille.
6. La guerre interminable
La natation semblait faire travailler chaque petite partie de mon corps, de la tête aux pieds, cela me changeait les idées et me rendait heureuse. Lorsque vous vous arrêtez, la bataille pour trouver un sport qui est équivalent est difficile. Croyez-moi, j’ai essayé la majorité des sports. Dans l’interminable recherche d’un sport qui était équivalant, je n’ai pas trouvé une vraie solution mais quelques sports m’ont plu comme le golf qui est un véritable jeu mental. La course ou encore le yoga étaient bons pour mon esprit. Pour me muscler faire de la musculation ou un cours de cross fit était pas mal. Il y a de l’espoir.
Donc voila, il y a une vie après la natation il suffit de trouver ce qui vous convient le mieux. J’espère vous avoir aidé à vous orienter avec mes quelques conseils pour votre voyage en dehors des eaux chlorées.
Claudine Pullen
A propos de Claudine Pullen:
Claudine Pullen est une nageuse du Zimbabwe qui a représentée le Zimbabwe aux championnats junior Africains. Claudine a été détentrice du records provincial sur 50 dos pendant deux ans. Claudine a gagné plusieurs médailles au niveau provincial et national durant sa carrière. Elle se spécialisait sur le 100 et 200 dos principalement. Aujourd’hui elle travaille dans la comptabilité dans les Bermudes.